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Une journée en superette
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Une journée en superette
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12 juillet 2008

Pour bien replacer la situation, imaginez que

Pour bien replacer la situation, imaginez que vous êtes vêtue, (et oui messieurs, ça va être difficile mais il va falloir vous imaginez dans la peau d’une femme…), d’une magnifique veste rouge, récupérée dans le vestiaire d’une ex employée… Bien entendu la veste n’est pas de première jeunesse, elle doit avoir le même age que les murs du magasin, mais qu’importe, on vient de vous donner un polo tout neuf frappé du logo de votre nouveau maître à penser, et en plus de ça on a eu la gentillesse de vous fournir un vieux badge où l’on met une étiquette à votre nom, alors ça compense !

Les premiers jours sont généralement difficiles. En effet le simple fait de devoir sourire toute le temps, rester aimable et concentrer fatigue beaucoup. J’en avais même des crampes à la mâchoire le soir venu.

En plus de cela, comme mes patrons craignaient le vol de fruits et légumes, ils avaient eu la bonne idée d’installer la balance en caisse. Rien de bien méchant me direz vous, mais ce n’est pas la balance avec le dessin du fruit ou du légume, non non il faut taper le code de chacun. Le premier jour donc, il faut rechercher le code de chacun, le tout sur une liste où ils ne sont pas classés par ordre alphabétique, ça ressemble un peu à du bizutage…

Heureusement, retenir une cinquantaine de code est loin d’être insurmontable, et au bout de quelques semaines, vous êtes un vrai référencier sur pattes. Mais reste un problème de taille : il faut être capable d’identifier les différents légumes ! Alors faire le tri entre une salade romaine, et une batavia, ça va vite, mais quand un topinembourg se présente, horreur. Vous vous retournez alors vers votre collègue pour lui demander de quelle planète vient ce l.o.v.n.i, (légumes original vraisemblablement non identifié), quand la cliente qui avait pourtant tout l’air de la mamie gentille, se moque ouvertement de vous, et vous qualifie d’inculte, les jeunes c’est plus ce que c’était…

Comme vous pouvez vous en douter, tout ce petit manège ralentit quelque peu notre mission. On peut alors commencer à entendre quelques plaintes, gentilles au départ, mais qui ne tardent pas à devenir un peu plus piquantes, si bien que l’on n’ose plus lever les yeux de l’écran, de peur de croiser un regard un peu trop méchant.

Les habitués du magasin sortent de la file d’attente de votre poste pour aller à celle de la " chef ", expliquant de façon bien audible, (ça c’est au cas où on aurait pas compris que l’on est lente), qu’il fera l’honneur de passer à notre caisse quand nous aurons un rythme de croisière un peu plus rapide…

En parlant de la chef, celle-ci est sympathique, à condition de ne pas l’appeler toutes les cinq minutes pour faire annuler un article. Car oui, elle est la seule à posséder la clef magique, et sur huit caisses, les erreurs sont fréquentes, elle a donc grand intérêt à courir vite.

Après six articles annulés dans le même caddie et un petit regard bien noir de la supérieure, vous vous décidez à vous appliquer et à ne plus commettre de boulettes.

Et là la cliente s’aperçoit que son petit gamin de cinq ans a glissé quelques petits jouets dans le chariot. Des jouets qu’elle ne veut pas payer bien sûr, et qu’elle demande donc d’annuler. Il faut essayer de la convaincre que cet enfant a fait un réel effort pour attraper ce jouet, qui devait être accroché très haut dans les rayons, et que le cacher dans le caddie pendant toute la durée des courses n’a pas du être sans peine. Tout ceci vaut bien une récompense non ? Non. Et tentez d’expliquer à votre chef que cette fois-ci vous n’êtes pour rien dans sa course d’obstacles.

Enfin, tout n’est pas si noir dans ce travail. Avec une bonne dose d’humour, des collègues sympathiques et des clients bien curieux, vos journées passent un peu plus rapidement, (un peu plus, faut pas rêver non plus).

Il est évident que tant que l’on a pas travaillé derrière une caisse, on ne peut pas s’imaginer quels sont les huluberlus qui passent par là. Il y en a pour tous les goûts, de toutes les classes sociales, là plus que jamais on se rend compte que l’habit ne fait pas le moine.

Certains clients n’hésitant pas à revenir cinq à six fois dans la journée, vous les identifierez rapidement. Ils vous traiterons assez vite comme quelqu’un faisant partie de leur cercle de connaissance, n’hésitant pas à se permettre des familiarités…

C’est d’ailleurs de ces clients que vous allez le plus entendre parler adns les articles suivants…

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